mercredi 31 décembre 2014

Reims 14-18 - ...meilleurs souhaits à l'occasion de la nouvelle année !

Reims, le 31 décembre 1914
Madame Louis Journé, Edith Journé et le jeune Albert, né le 8 décembre 1914 sous la crypte des Caves à l'endroit photographié, adressent à Madame Joseph Krug, leurs remerciements sincères pour l'hospitalité accordée, et la prient d'agréer leurs meilleurs souhaits à l'occasion de la nouvelle année, pour elle-même ainsi que pour toute sa famille et en particulier pour Monsieur Joseph Krug.

CPA Coll. P. Cosnard

Monsieur Joseph Krug étant mobilisé dès le début du conflit, c'est son épouse, Jeanne Krug, qui va prendre les rênes de l'entreprise et ainsi s'attacher à préserver l'activité, et la production du Champagne de la marque. Elle va également venir en aide aux rémois victimes des bombardements, en les accueillant dans les caves, on s'y improvise une nouvelle vie, comme le prouve cette carte-photo de la famille Journé, où madame a donné naissance au petit Albert, au milieu des bouteilles de vin de Champagne.
Reconnaissante, Edith Journé adresse ses meilleurs vœux de nouvelle année 1915 à M. et Mme Krug... n'imaginant certainement pas que cette effroyable guerre n'en était encore qu'à ses débuts !

jeudi 18 décembre 2014

Réunion AMICARTE51 - 21 décembre 2014, Salle Goulin...

Rendez-vous dimanche prochain,

21 décembre 2014, pour la réunion mensuelle d'AMICARTE 51.


De 9h00 à 12h00, Salle Goulin, 6 rue de la Neuvillette, Reims.

Le Bulletin AMICARTE 51 n°102
sera distribué aux adhérents :

Au Sommaire :
Le mot du Président
L’assemblée générale de l’association - année 2013-2014 (P. Cosnard)
C’était à Reims, il y a cent ans, 1914 (A. et J.-P. Quéreux)
Exposition internationale urbaine de Lyon 1914 - 3ème Partie (L. Antoine)
Correspondance 14-18 - 4ème Partie (L. Antoine)
La Mode, la Mode, la Mode en cartes postales (A. et J.-P. Quéreux)
La Phosphatine Falières (L. Antoine)
Métiers disparus : Le meunier (A. et J.-P. Quéreux)
La chapelle du cimetière russe à Saint-Hilaire-le-Grand (L. Antoine)
La Fête des Ecoles Rémoises des 7 & 8 juillet 1906 (A. et J.-P. Quéreux)
Le Bulletin 2013-2014... et le site internet (L. Antoine)
Mot de la rédaction
Le concours des cartes de vacances 2014 (P. Cosnard)

Egalement :
- Le bulletin d'inscription à la visite de l'exposition au Musée des Beaux Arts et à la galette des Rois- - Le bulletin d'inscription à la bourse du 29 mars 2015 pour ceux qui exposent
- Les documents publicitaires pour notre prochaine bourse du 29 mars 2015
  Vous trouverez :
    - Les tracts jaunes
    - Les enveloppes
    - Les affiches (petites ou grandes)
        le tout à diffuser largement dans les bourses, salons et toute autre manifestation.

Nous avons toujours un lot important de la Marne reçu pour nos envois à choix. Ce lot comprend des cartes de Reims et des cartes de nombreux villages de la Marne.

mercredi 17 décembre 2014

Reims 14-18 - De ménouvelle...

29 mai 1916
Moncher Georges
je tenvoi cete carte par un camarade, il rentre chez lui il a 6 enfants, il éde la Dordogne.
Il étai aveque moi, il te donnera bien de ménouvelle.
Je suis toujours en bonne santée, nous somme toujour à Reims.
Il y a un moi que nous somela, nous feson une route, mais je travaille pour la compagnie come tailleur.
Hier, je sui sorti me promener jai vu la catédrale mes il ya baucout demaison de des moli.
Il y en a bien deux foit grand come Guéret de des moli ou de bruler.
Je ne sui pas restai lonten je navai cune permision de 2 heur.
Jai écri a la mament emmeme tan catoi.
Je termine en tenbrassan de tou mon coeur.
Ton papas qui taime.
Louis.


CPA Coll. Pierre Cosnard
Évidemment, j'aurais pu vous retranscrire ce courrier en corrigeant les fautes, mais je pense qu'il aurait perdu de sa fraîcheur et de sa spontanéité.
Louis n'est peut-être pas très fort en orthographe, mais ça ne l'empêche pas de donner des nouvelles à la famille... et c'est tant mieux !
Il est donc sur Reims, et fait certainement partie d'une compagnie du Génie, puisqu'il est affecté à la réfection d'une route.
Lors de sa rapide visite touristique de la ville, Louis compare les importantes destructions de la ville de Reims, à deux fois la superficie de la ville de Guéret, dans la Creuse, dont il est certainement originaire, ou proche.
Cette journée du 29 mai 1916 paraît relativement calme, en dehors de quelques obus tombés dans la matinée... quand même !

Le visuel de la carte est très intéressant, même s'il date un peu, puisqu'il s'agit d'une photo prise 20 mois auparavant, lors de la courte occupation de Reims par les troupes allemandes.
On voit ici un convoi de ravitaillement allemand passant à l'angle de la Place du Palais de Justice et de la Rue du Trésor, le 10 septembre 1914, soit deux jours, avant l'évacuation précipitée des troupes du Kronprinz. Ils paraissent encore fiers, mais plus pour longtemps !

On n'en fera pas dire beaucoup plus à cette carte, j'en profite donc pour diffuser quelques cartes postales de Guéret, datant de cette période de conflit.





Guéret est une commune française, préfecture du département de la Creuse dans la région Limousin.
Guéret, après avoir été la ville principale de la partie haute du comté de la Marche et le chef-lieu du nouveau département en 1790, est aujourd'hui la préfecture de la Creuse.
Ses habitants sont appelés les Guérétois - 13 563 hab. (2011).
Guéret est situé sur un vaste plateau entre la Creuse et la Gartempe, au pied du Puy de Gaudy et du Maupuy qui atteignent 651 et 689 m. La ville s'incline sur les pentes de la colline de Guéret Grancher ou l'altitude atteint 571 m. Elle marque la limite entre la prédominance du bocage marchois au nord de la Creuse et du domaine forestier au sud.
La ville de Guéret se situe au Centre-Ouest de la Creuse. Elle est bordée par la RN 145 qui traverse le département dans un axe Ouest - Nord-Est. Guéret est aux environs de 45 minutes de Limoges, de 1h30 de Clermont-Ferrand, de 2h de Poitiers et Vichy, de 2h30 d'Orléans, de 3h30 de Bordeaux, de Lyon, de Paris et de Toulouse. Guéret est également aux environs de : 35 minutes de Montluçon et d'Aubusson, 1h15 de Chateauroux, 1h45 de Brive et 1h50 de Tulle.

mardi 16 décembre 2014

Un dimanche au soleil... et l'Hôtel Le Vergeur...

Depuis hier, la grisaille... malgré tout, le dimanche dernier était plutôt ensoleillé...
comme nous le prouvent ces deux photos prises Place du Forum à Reims...

Plutôt agréable pour la saison ! Et tellement magnifique...



Et pour ceux qui ne l'auraient pas fait... un Musée à Visiter !

Musée Hôtel Le Vergeur
La Société des Amis du Vieux Reims (SAVR) a été fondée en 1909 par Hugues Krafft.
Son objectif est alors d'aider à la protection et à la conservation du patrimoine rémois et de constituer un fonds documentaire relatif à celui-ci.
Dès l'origine, la Société constitue donc une collection conservée au siège de l'Association en l'Hôtel Coquebert, rue Salin et dès 1930 en l'Hôtel Le Vergeur, rue du Marc.
La Société est reconnue d'Utilité Publique en 1913.
En 1935, Hugues Krafft institue par testament la SAVR son légataire universel. Il lègue l'ensemble des bâtiments de l'Hôtel Le Vergeur, où étaient installés ses appartements privés et les collections qu'ils renfermaient.
Depuis cette époque, la Société garde vivants la mémoire et le lieu de vie d'Hugues Krafft.

Pour plus d'informations : http://www.museelevergeur.com/

vendredi 12 décembre 2014

Reims 14-18 - J'ai brûlé mon tricot...

Le 25 mai 1916
Ma Chérie
Pas grand chose à te dire depuis ma dernière lettre.
Je suis toujours en bonne santé, sauf un peu enrhumé car nous avons quelques journées froides avec la pluie.
Heureusement que nous sommes à la belle saison, car l'autre jour, lorsque j'avais changé de position, j'ai brûlé mon tricot et mes deux couvertures.
Le feu s'est mis à la paille qui fermait la porte d'un escalier de la maison où nous logeons.
Heureusement qu'on l'a eu vite éteint, et je me suis servi des couvertures et mon tricot qui y était à travers y'a passé.
C'est un petit malheur et j'en apporterai un en revenant de permission, ainsi que des chaussettes de coton.
Ici toujours pareil et assez tranquille.
Mes amitiés à toute la famille.
Embrasse bien le petit Raymond pour moi.
Mille baisers de ton mari qui ne t'oublie pas.
(signature illisible)



Dès les premières lignes, l'auteur annonce la couleur... il n'a pas grand chose à dire !
Mais ne peut passer sous silence son aventure, qui lui aura coûté son tricot et les couvertures.
Il ne s'attarde pas sur l'origine du sinistre. S'il ne dit mot, c'est peut-être parce qu'il en est la cause, se serait-il endormi en fumant ?
nous ne le saurons jamais...
Il va donc falloir qu'il attende la prochaine permission, pour récupérer un nouveau tricot !

Quant aux faits de guerre, il faut tourner la carte et s'intéresser au visuel.
Encore une carte de la cathédrale... et comme c'est indiqué, "Reims dans sa deuxième année de bombardement 1914-15-16".
La photo nous propose une vue rapprochée des pilastres de la Tour Nord et du Petit Porche, mutilés lors des bombardements et de l'incendie du 19 septembre 1914.

La carte postale a été écrite le 25 mai 1916...
Ce jour-là, la ville de Reims est bombardée pendant l'après-midi.
On note la mort du Docteur Ernest Luton, décédé à Paris à l'âge de 47 ans.
Ancien interne des hôpitaux de Paris, chef des travaux anatomiques et histologiques à l'Ecole de médecine de Reims et médecin des hôpitaux, il publia des travaux remarqués sur la tuberculose et les maladies des enfants.
Il était le fils du savant docteur Alfred Luton, ancien directeur de l'Ecole de Médecine de Reims, qui a laissé son nom à la place Luton, lors de son inauguration en 1899.

Et puisque de la Cathédrale nous sommes passés sans nous en rendre compte à la Place Luton, profitons-en, avec cette carte postale de la place, à l'angle de la rue Danton et de la rue Roger Salengro (à l'époque Rue de Courcy), la guerre y a également laissé son empreinte :


Et un petit montage... avec une photo d'aujourd'hui, le lieu est bien le même, mais les maisons ont été reconstruites :


Laurent ANTOINE LeMog

mercredi 3 décembre 2014

Reims 14-18 - Ces petits souvenirs...

Le Dimanche 13 février 1916

Ma bien chère Jeannette, bien chère Maman.
Aujourd'hui, pas de lettre de ma petite femme chérie; mais en revanche une mignonne carte accompagnée d'une charmante lettre de Germaine.
Je t'envoie ci-joint les deux; mais il ne faudrait pas que Germaine se formalise, la pauvre enfant, si je te renvoie la carte.


C'est dans le but de pouvoir la conserver, car sur moi, avec tous les papiers et tous les carnets que je suis obligé de conserver dans une poche, dans un autre, tous ces petits souvenirs risqueraient fort de s'égarer.


Le temps qui s'était mis au froid vif ce matin a subitement changé et maintenant, nous voilà revenu à la pluie fine et persistante qui provoque l'humidité et nous procure dans les boyaux et les tranchées, de la boue en quantité.
...


Carte Coll. P. Cosnard
Même si cette carte est bien rémoise, on ne peut pas du tout être certain qu'elle a été envoyée de notre région. La photo nous montre une patrouille allemande, au pas de parade, rue Cérès, pendant la courte occupation "boche" de septembre 1914, le courrier a été écrit un an et demi plus tard.
C'est encore une carte de l'éditeur Georges Dubois, vraiment très prolifique tout le long de cette période de grand trouble. Un éditeur-photographe qui se distingue souvent par la qualité de ses cadrages, nous proposant des vues très originales et soignées, même si quelques fois la qualité de la phototypie reste perfectible, mais ne l'oublions pas, il faut faire face à des tirages de masse... en temps de guerre !

Pour rappel, la cartoliste G. Dubois est parue dans notre Bulletin n°13 de janvier 1992... hélas épuisé (mais nous pouvons fournir cette liste aux personnes intéressées). Il y a pour le moment des cartes répertoriées jusqu'au numéro 417 (+ des numéros Bis, et des cartes double-format).

Revenons maintenant au texte de cette carte qui, même s'il ne représente pas un intérêt capitale en ce qui concerne l'actualité guerrière, il évoque tout de même un aspect de la vie du poilu dont on ne parle pas souvent, et que j'oserais appeler : "l'entreposage de ses petites affaires".
En effet, les tranchées ne sont pas une partie de plaisir, on est même bien loin du confort le plus spartiate soit-il. Alors, comment conserver ses effets personnels ? Quand on passe plusieurs semaines à demi-enterré, on ne peut bien évidemment pas se charger inutilement, il faut donc se contenter du strict nécessaire, des papiers les plus importants, on peut aussi imaginer quelques photos de ses proches, de quoi écrire les cartes, etc... tout ce qui peut tenir sans difficulté en poche, et qui aussi, ne présente pas trop de valeur en cas de perte ou de destruction.

Toujours est-il que notre bon père de famille est optimiste, puisqu'il renvoie "à la maison" la charmante carte écrite par Germaine, que l'on imagine être sa fille... afin de pouvoir la conserver une fois la guerre terminée, une fois rentré à la maison, sain et sauf, pour de bon.
On apprécie qu'il ait le moral ! C'est certainement très rassurant pour la famille... un espoir irremplaçable, qui permet de tenir bon, dans des conditions particulièrement difficiles. A la guerre et aux combats d'une barbarie ultime, il faut ajouter des conditions de vie éprouvantes, peut-on réellement s'imaginer rester des journées et des nuits entières, les pieds et les jambes dans la boue, le froid et l'humidité qui envahie chaque corps ?
C'est n'est hélas qu'un fragment de ce que les poilus ont dû endurer pendant ces effroyables années de guerre !

Pour en terminer avec cette carte postale, ci-dessous un montage avec une vue actuelle qui permet de mieux se repérer dans l'environnement de la Rue Cérès en 1914. La vue est prise en direction de la Place Royale, il est vrai que la topologie des lieux a bien changé, dans ce quartier du centre qui a énormément souffert des bombardements de l'ennemi.

Laurent ANTOINE LeMog