Monsieur Marius,
J’ai bien reçu votre carte de votre pays, il a l’air gai.
Je vous remercie d’avoir pensé à nous.
Nous sommes plus que jamais bombardés.
Mes amitiés et bons souvenirs de ceux qui pensent à vous.
Marielle
Cette fois-ci, pas grand-chose à se mettre sous la dent, en dehors que les bombardements semblent reprendre de plus belle.
Alors on se penche plus précisément sur l’actualité des jours qui précèdent l’envoie de la carte, et qui nous confirme qu’il ne fait pas bon rester dans la Cité des Sacres… il qu’il pleut des « marmites boches » sur Reims !
- 5 novembre 1914 : A plusieurs reprises le bombardement sévit, avec un redoublement de fureur, de 8 heures et demi à 10 heures et demie du soir ; aux victimes, s’ajoutent la ruine et l’incendie.
- 6 novembre 1914 : Des obus sont encore lancés vers 11 heures du matin, craignant la violence des jours précédents, une grande partie de la population s’abrite dans les caves ou gagne les alentours de la ville, vers la Haubette.
- 7 novembre 1914 : Recrudescence du bombardement : deux maisons de vins de champagne sont atteintes ; plusieurs immeubles sont détruits.
Le texte de la carte était plutôt court, finalement bien résumé, mais minimaliste, si on considère la pluie de feu qui s’abat sur la ville.
Passons au visuel… l’entrée de l’Ecole ménagère rue de l’Université à Reims, qui a déjà eu à subir les outrages de la guerre.
Et oui, dans la seconde moitié du XIXè, on considère souvent que le travail des femmes en dehors du logis doit être une exception et que leur place est au foyer, avec pour seule profession pour une femme mariée, d’être à la fois une épouse honorable et une bonne mère de famille. D’ailleurs, c’est le Docteur Octave Doyen (maire de Reims de 1879 à 1884), qui déclare « Il faut préparer les jeunes filles à devenir les compagnes éclairées du chef de famille, les gardiennes économes et laborieuses du foyer domestique ». C’est lors du conseil municipal du 29 décembre 1881 que la ville de Reims envisage de créer un lycée de jeune fille, et c’est seulement deux ans après que le vieil hôtel particulier Sainte Marthe est mis à disposition, auquel il faut encore ajouter deux années de remise en état. C’est donc seulement en 1885 que le lycée de jeune fille ouvre ses portes, avec une éducation semble-t-il très différente de celle des garçons !
Ce lycée était situé dans le prolongement de la Rue de l’Université et de la Rue de St Etienne, au 27 Rue de la Perrière. Cette rue n’existe plus aujourd’hui, située approximativement au niveau du Cour Anatole France, derrière la cathédrale, à l’angle de la Rue des Cordeliers, avant qu’elle ne soit ensuite coupée par l’axe de la Rue Voltaire.
Ci-dessous, la Rue de l’Université et le Lycée de Jeunes Filles.
Laurent Antoine LeMog