Cohan, le 6 juillet 1916 ...
Cher Cousine et Cousin
Je vous envoie de mes nouvelles pour vous dire que je suis en bonne santé, j’espère que vous soyez tous de même.
Nous avons quitté le secteur de Verdun voilà trois semaines. Depuis ce temps-là, nous avons voyagé d’un côté et de l’autre, on était dans le département de la Marne.
Aujourd’hui, on est parti de Fismes à 5h et nous avons changé de département, à présent, on est dans l’Aisne. Je crois que l’on va monter aux tranchées dans 2 ou 3 jours. Espérons que ça vaudra mieux que du côté de Verdun, d’après les journaux, il n’y fait pas bon à présent. Je termine en vous embrassant affectueusement.
Ch. Albert.
Il semble que M. Albert ait raison… il ne faisait pas bon être à Verdun en cette période, une des plus longues et des plus dévastatrices batailles de la Première Guerre. Mais il s’attend à monter au front d’un jour à l’autre… on peut imaginer que le sort qui l’attend n’est pas forcément meilleur. On aurait été plus rassuré de leur voir rentrer chez lui ! Mine de rien, ces dernières trois semaines, en fonction des routes empruntées, il aura fait entre 150 et 200 km à pied… une paille !
Alors… vers quel front se dirige-t-il ? Il y a fort à parier qu’il s’agisse de celui de la Somme… en effet, l’offensive de la Somme, mise au point par Joffre fin 1915, connue sa première journée 5 jours avant ce courrier, donc le 1er juillet 1916 ! Ce fut une des batailles les plus meurtrières de l’histoire, faisant plus d’un millions de victimes de part et d’autre (dont plus de 440 000 morts ou disparus).
On se prend alors à croiser les doigts pour l’expéditeur de cette carte !
Hélas, on a trop peu d’informations sur cette carte pour consulter la Base Mémoire… sur laquelle il existe de nombreux Ch. Albert… dont deux pourraient correspondre, un originaire de Paris, et l’autre de Charente-Maritime… mais on espère bien sûr qu’il ait pu réchapper aux combats !
On arrête donc ici notre petite enquête, pour nous intéresser au visuel de la carte… qui bien sûr n’est pas très original, même s’il est très représentatif du passage de notre soldat à Reims, une carte de l’éditeur J. Courcier, représentant la Cathédrale de Reims… dans toute sa splendeur, et pour cause, puisqu’il s’agit d’une photo prise bien avant la guerre, sans aucun échafaudage, et sans les destructions causées par nos turbulents voisins !