Article d’Olivier
Rigaud, paru dans le Bulletin n°45 de Septembre 2000 (numéro épuisé)
Depuis six ans qu'il a mis le nez
dans les dommages de guerre votre rédac-chef s'est rendu compte qu'il y avait là
une mine de renseignements sur les rémois et les marnais du début du siècle. Voilà
ce que les dossiers ont révélé sur notre photographe et les membres de sa famille.
La liasse 10 R 1234 comprend un
dossier relatif à Lucien Loth et à son atelier du 58 rue de Venise. Il est daté
du 25 juillet 1921. Le photographe est né à Reims le 16 octobre 1885, au 76 rue
Libergier, domicile de ses parents. En 1921, il est encore célibataire et
domicilié 44 rue Chabaud. Le dossier comprend un inventaire de mobilier (2 pages),
un inventaire de livres (8 pages) dont quelques ouvrages de photographie, un
inventaire de marchandises photographiques (2 pages) pour une valeur de 1171 F55
(val 1914), un inventaire de matériel photographique (9 pages) (appareils, objectifs.
matériel de développement, etc.) pour une valeur de 20 539 F 20.
La liasse 10 R 1226 comporte un
dossier au nom de Mme Vve Charles LOTH née Emma Louise Joséphine Mauroy,
demeurant 44 rue Chabaud à Reims, pour des immeubles sinistrés situés 61 rue
des Capucins et 58 rue de Venise. La mère de Lucien Loth est née le 9 janvier
1864 à Reims, s'est mariée le 23 juin 1884. Un contrat de communauté d'acquets
a été signé chez Me Guedet notaire le 19 juin 1884. Des recherches à
l'Etat-Civil m'ont permis de déterminer que Madame Loth est la fine de
Léon-Arthur Mauroy, maître maçon demeurant à l’époque 4 rue Linguet et que l'on
retrouve quelques années plus tard 41 rue Savoye.
Au 58 rue de
Venise on trouve en dehors de l'immeuble d'habitation un bâtiment dans le fond
de la cour à l'usage de salle de machines et atelier de photographie (5m x 10
m50).
Dans la liasse
1228, il y a un dossier au nom de Jean Victor Charles Paulin LOTH époux de
Jeanne Yvonne BINET, concernant le 42 rue Chabaud, immeuble voisin du 44 où
habitent Lucien et sa
mère. Jean, né à Roubaix le 22 juillet 1893, s'est marié à Neuilly sur Seine le
27 avril 1920 (sans contrat), il est électricien et demeure alors (1921, date
du dossier) 163 avenue de Neuilly à Neuilly sur Seine.
La liasse 2016
comprend un dossier concernant André Paul LOTH, employé de commerce, né à Roubaix
le 5 août 1895 (frère de Jean ?) et marié à Paris 16° le 10 février 1920 à
Marguerite Marie Jeanne ALAUX. L'immeuble sinistré est le 22 rue St Thierry.
D'après le dossier André Paul Loth demeure 45 rue Roques de Filhol à Puteaux.
Une deuxième adresse figure sur le dossier, 3 rue Rigaud à Neuilly sur Seine
(sans doute un changement d'adresse après le dépôt du dossier et avant qu'il ne
soit inscrit définitivement). La petite fille du photographe m'indique qu'il s'agit
de cousins (ils sont les petits enfants du frère du grand-père de Lucien Loth).
J'ai également
trouvé un autre LOTH mais qui n'a sans doute rien à voir : Louis Eugène (dit Charles)
épicier-café-restaurant à Bazancourt, né à St Etienne sur Suippe le 7 janvier
1865, marié le 23 08 1894 à une demoiselle SILLON (le prénom n'est pas précisé).
Madame Hehn, petite fille de notre photographe s'y est intéressé car ce Charles
LOTH a également, comme tenancier, édité des cartes postales de Bazancourt ou
de Warmeriville, j'en possède une représentant l'église de ce village après
reconstruction réalisée par le photographe G.A. Devine.
Voilà en ce qui
concerne les renseignements trouvés dans les dommages de guerre, complété par
les informations de la petite fille du photographe.
Les annuaires
donnent :
1921 : LOTH (L)
Chabaud. J 44, Photographies documentaires et industrielles.
1931 : L. LOTH
58, Rue de Venise, Téléphone 22.89 - Portraits. Agrandissements en tous genres -
Photographie Industrielle - Photos à domicile, Reims et la campagne, Photographies
d'actualité.
Personnellement,
je possède de Lucien Loth sept cartes du Collège d'Athlètes de Reims au Parc Pommery
(phototypie Bienaimé), plusieurs photographies de la fête grecque du 24 juin
1914 au même Collège d'Athlètes, une carte de la sortie annuelle du club des
XXI de Reims à Asfeld le 14 mai 1914, quelques cartes postales de la clinique
du Dr Lardenois, phototypie J. Bienaimé (difficiles
à dater avant ou après la guerre de 1914 ?), une carte de la journée du Souvenir (14
septembre 1914 au Parc Pommery. des photographies de chantiers pendant la
reconstruction de Reims réalisées pour l'architecte Pol Gosset (chantier du
Familistère de la rue de Vesle),
plusieurs cartes-photos relatives à l'enterrement du cardinal Luçon le 3 juin 1930.
Lucien Loth a certainement effectué de nombreux clichés pour des dossiers de
dommages de guerre.
Pendant la
guerre de 1914-1918, il reçoit la Croix de guerre étoile de bronze le 1er mai
1917, il est cité deux autres fois le 10 septembre 1917 et en novembre 1918.
Le 20 avril 1925
il épouse Marguerite Destable dont il aura trois enfants : Pierre en 1926, Jean
né en 1928 et Jacqueline en 1936, n’aurait cessé son activité en 1940.
Parmi les autres
cartes postales dont il est l'auteur, une série sur les inondations de la Marne
à Juvigny les 23 et 25 janvier 1910.
Il existe au
moins 16 N° dont 6 sont certainement de lui.
Il existe
également une carte de l'église de Rosnay après la première guerre mondiale. Si
vous connaissez d'autres cartes merci de m'en passer des photocopies ou de
m'indiquer les références. Le catalogue iconographique de la bibliothèque
municipale de Reims est assez pauvre en œuvres de Lucien Loth.
On y repère une
photographie relative à la visite du Président de la République Raymond Poincaré au
Collège d'Athlètes le 19 octobre 1913, une photographie d'un dessin de Janin
fils montrant la rue des Fuseliers en 1934, une Fête du Lycée non datée, probablement
avant 1914, un groupe d'élèves essayant un aéroplane, le monument aux morts de
l'Ecole Professionnelle, le goûter des enfants (sans date), le cardinal Luçon
sur son lit de mort.
Pour compléter
la biographie de notre photographe, voici quelques éléments complémentaires fournis
par sa petite fille : Lucien Loth perd son père le 3 juillet 1896, il a 11 ans
et est fils unique. D'après le tribunal de commerce de Reims il aurait débuté son
activité le 15 décembre 1920 et aurait été radié le 16 septembre 1922. D'après son
fils Jean, il aurait cessé son activité en 1940 sans revendre son fonds de commerce.
Olivier RIGAUD
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