Nous en avons déjà eu l’exemple, certains de nos poilus ont quelques difficultés avec l’orthographe et la grammaire, et la carte que je vous propose semble en être l’apogée. A tel point, qu’on peut se demander si ce n’est pas fait exprès, car l’auteur paraît prendre un malin-plaisir à écorner chaque mot de sa lettre… entre la difficulté de déchiffrer l’écriture, et celle de saisir le sens des phrases, la reproduction de cette correspondance n’est pas des plus facile… mais en avant… et bon courage !
19 janvier 1915
Jérsue votre bébéte du 13 janvié, qimafépésire du troie ans séte janvié é gerie 5 garte.
Jérsue le mandae qimaféplisire.
Jesuie enpone santée. Il pleue touslesjoure dans lepatlin.
Ponjour a doute la famiye.
Louis Bernier.
Voilà… je vous l’avais promis, c’est très fort ! A peine phonétique… on peut quand même s'essayer à un semblant de déchiffrage :
J'ai reçu votre "bébéte" du 13 janvier, qui m'a fait plaisir, trois ans, sept janvier, et j'ai ri. 5 cartes.
J'ai reçu le manda qui m'a fait plaisir.
Je suis en bonne santé. Il pleut tous les jours dans le patelin.
Bonjour à toute la famille.
Faute d'en apprendre un peu sur l'actualité guerrière rémoise en ce début d'année 1915, passons maintenant au recto de la carte postale, qui devrait nous apporter un peu plus de grain à moudre.
Reims. - Dernière barricade du quartier Cérès.
On note sur la photo de l’agence un numéro à droite « 55169 »… au même endroit sur la carte, en observant attentivement, on remarque que ce même numéro a été sommairement camouflé.
Situons maintenant cette photo. Déjà, le quartier Cérès de l’époque s’étendait un peu plus loin qu’aujourd’hui, depuis la Rue Cérès jusqu’au bout de l’Avenue Jean-Jaurès (Rue du Faubourg Cérès et Route Nationale – Cimetière de l’Est), qui ne portait bien sûr pas encore ce nom (baptisée en 1921).
Pour se repérer plus facilement, voilà ci-dessous un montage de la carte postale avec une vue actuelle.
Malgré les destructions de l’époque, la partie gauche de la maison reste facilement identifiable. Elle se trouve au 167 de l’avenue Jean Jaurès, assez haut, dans la partie « Route Nationale », presqu’à l’angle avec la Rue de Sébastopol.
Laurent ANTOINE LeMog
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