21 mars 1916
Chère
Pauline
Rien de
nouveau, pour ce soir, nous coucherons ici, je suis à Villers-Allerand, pas de
mauvais sang et Bonne santé.
Ce matin, je
t’ai envoyé une jolie carte, je crois que tu seras contente. Je fais ce que je
peux pour t’être agréable. Je te dirais bien de m’envoyer un colis, il y a si
longtemps que je n’ai rien reçu de toi, maintenant, ce sera plus difficile à
trouver pour manger, pourvu que ça vienne de toi n’importe quoi, je le
trouverai supérieur à tout ce que je peux trouver… c’est toujours de meilleur
goût. J’ai peut-être quelques frais de plus à faire maintenant, tu m’enverras
un peu d’argent.
Aujourd’hui
ni hier, je n’ai pas reçu de tes nouvelles mais je ne m’en fais pas car le
déplacement peut avoir dérangé la poste, pourvu que toi tu reçoives c’est l’essentiel.
Il pourrait y avoir du retard aussi, ça va bien, je compte que ma carte te
trouve de même ainsi que les enfants.
Mille
baisers (Truchet Romain ?)
Au moins, ce
n’est pas équivoque, la tambouille n’est pas bonne… Pauline pourra envoyer n’importe
quoi, ce sera toujours meilleur que l’ordinaire des poilus !!! Sans parler
que recevoir un colis sur le front, ça doit toujours faire extrêmement plaisir.
On peut
noter, et c’est admirable de sa part, qu’il essaye de faire plaisir à son
épouse, et de lui être agréable – en lui envoyant une jolie carte – alors qu’il
se trouve certainement dans des conditions plutôt difficiles, au cœur des
combats.
Il est vrai
qu’il a choisi pour cet envoi, une carte plutôt originale qui, pour une fois,
ne montre pas l’horreur des destructions de la région, mais au contraire une
vision positive et optimiste, de ces Marchands
des Halles, restés héroïquement à leur poste sous le ravitaillement de la
population. Hélas, il n’en demeure pas moins que la situation est toujours
aussi dangereuse et risquée, et que les bombardements sur Reims sont toujours
nombreux.
Ci-dessous,
quelques cartes postales de Villers-Allerand…
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