Nous avons eu le plaisir d'inaugurer en début de semaine une nouvelle série de billets, qui vont plus particulièrement s'intéresser au verso des cartes postales, sur ces correspondances en temps de guerre.
Même si ce ne sont pas toujours des informations de fond, il n'en reste pas moins que ce sont des témoignages humains, ressentis durant ce premier conflit mondial. En tout état de cause, cela permet de comprendre et d’appréhender les joies et les peines de ces personnes, grâce à des petits courriers toujours très vivants et remplis d'humanité. Ne l'oublions pas, ça aurait pu être nous !
26 septembre 1917
Cher neveu,
c'est avec plaisir que j'ai reçu ta lettre me faisant part de ta bonne santé, et moi de pouvoir te faire part de même.
On me dit que tu t'attends tous les jours à monter sur le front.
C'est vrai que tu es dans l'Artillerie, c'est un peu moins dangereux, mais je t'assure que ce n'est pas le rêve.
Voilà 29 mois que je tiens les tranchées et j'ai eu le temps d'en voir un peu de tout, et c'est pas fini !
Nous devons changer demain mais nous allons pas loin, toujours aux alentours de la vue de cette carte.
Tu me parles que j'avais eu une perm de 20 jours, en effet, mais je peux te dire que cette fois, j'avais apporté un cafard qui a de la peine à me passer, car on voit que ce n'est pas encore près de finir.
Enfin, j'ai toujours d'assez bonnes nouvelles de ma petite famille, ça me console un petit peu.
J'ai passé aux mitrailleurs depuis 5 ou 6 jours, je pense que je ne serais pas plus mal.
Pour aujourd'hui cher neveu, je te quitte en t'envoyant mes meilleures amitiées.
Paul Chalamet, au 120è Territorial C.M.1 Secteur Postal 223.
Comme on peut le lire dans cette correspondance d'un père de famille, son secteur ne doit pas être trop éloigné de la place de la République visible sur la carte envoyée.
Où précisément ? pas aisé à dire, mais déjà 29 mois de tranchées... difficile à imaginer !
On comprend aisément son cafard après 20 jours de permission... comment repartir vers l'enfer, comment quitter à nouveau ses proches ?
On le sent résigné, pour lui, sa famille et sa patrie... et il est bien conscient que l'issue de cette guerre est encore fort éloignée.
Sur cette carte de 1917, les constructions à l'angle de l'Avenue de Laon semblent encore en assez bon état, même si l'on détecte quelques dégradations éparses...
Mais ça ne durera pas, comme on peut le constater sur la photo ci-dessous, montrant la Place de la République en ruines, après la retraite des allemands.
Sans commentaire, la place n'est que tristesse et désolation, la belle fontaine Bartholdi n'a pas non plus été épargnée par les pluies d'obus.
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