Le 11 septembre 1915
Cher ami,
voilà bien longtemps que je n'ai plus de vos nouvelles.
J'espère que votre santé va assez bien.
Je rentre de permission, j'ai passé 8 bons jours au milieu de ma famille ce qui m'a fait un grand plaisir car c'est si doux la bonne vie au lieu de la triste que l'on mène dans nos tranchées.
Mais aussi, c'est bien court, le plus cruel est de laisser sa femme et ses enfants, mais il faut prendre courage, peut-être sommes-nous près de la fin.
J'ai trouvé mes trois garçons bien grandis et ma femme bien fatiguée.
Ils me chargent tous de vous souhaiter le bonjour en attendant de vos bonnes nouvelles.
Je vous envoie une cordiale poignée de main.
Just L.
Et oui, comme Just l'écrit, c'est si doux la bonne vie ! On ne peut qu'être d'accord avec sa réflexion. Quel contraste ensuite, de repartir au combat.
Il est au coeur de l'action, dans les tranchées... comment "pouvoir" repartir après chaque permission, vers l'enfer.
Pour son épouse, pour ses enfants, comment "pouvoir" supporter de le voir repartir, sans savoir que cet au revoir ne se transformera pas en adieu !
Ces 8 jours de permission devait être appréciés comme un impensable rayon de soleil dans leur coeur, hélas, trop court, mais indispensable au soldat pour tenir moralement dans les tranchées !
L'espoir est aussi toujours une très grande motivation, mais notre pauvre Just est bien loin de se douter que cette satanée guerre n'est pas près de se terminer !
Quand aux photos de la carte multivues, elles datent un peu par rapport à la date du courrier... enfin, 1 an, lors des premiers bombardement rémois... du 4 septembre 1914, quelques jours avant la tragédie de la cathédrale, et son triste incendie du 19.
Ce n'est hélas que le commencement !
Ci-dessous, les photos N&B de cette carte, combinées avec des vues actuelles...
Ecole Professionnelle Libergier.
C'est actuellement le Lycée Hugues Libergier que nous connaissons tous à Reims.
Pendant la guerre, le Lycée servira également de caserne.
Parfaitement restauré, il fait partie des plus belles constructions de la ville.
Rue d'Avenay.
Une petite rue peu connue à Reims, entre la rue de la Gabelle et la rue des Marmouzets.
La maison de la vue a bien souffert, mais a été réparée et semble être encore aujourd'hui, dans un état proche de celui d'avant-guerre.
Rue Legendre et rue Cérès.
Ici, la topologie des lieux a bien changé. La vue est prise en venant de la Place Royale, en direction de la place Cérès.
Des maisons de la reconstruction sont aujourd’hui présentes, avec à l'angle une supérette d'une enseigne bien connue.
L'Eglise Saint-André.
Une de ces églises rémoises, qui ont bien souffert...
Toutes les traces ont été aujourd'hui effacées. Le temps ne semble pas avoir eu d'effet malgré quelques stigmates encore bien visibles.
Pourtant, quelques mois de guerre en plus... et les dégâts seront bien pire encore, comme l'atteste la carte ci-dessous, cette fois-ci datée de 1915,
avec une vue similaire, prise depuis la rue du Cardinal Gousset.
Laurent ANTOINE LeMog
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